Chaque jour, nos oreilles subissent de nombreuses agressions sonores : sur notre lieu de travail, de l’open-space à l’atelier, tout bruit persistant dans le temps sans protection peut devenir une source d’agression pour notre système auditif. Il en est de même des bruits de la rue : un chantier en cours, la circulation aux heures de pointe, mais également l’écoute de musique à haut volume, parfois subie dans les transports en commun, ou l’exposition lors d’un concert près des baffles. Tous ces bruits agressifs pour nos oreilles sont susceptibles d’entraîner une hyperacousie.
Qu’est-ce que l’hyperacousie ?
Il s’agit d’un trouble de l’audition entrainant une exacerbation des sons qui deviennent alors dérangeants et douloureux. C’est une hypersensibilité du système auditif. Les bruits du quotidien deviennent souvent intolérables aux personnes touchées par cette pathologie. Ils perçoivent les sons du quotidien de façon amplifiée par rapport au volume réel du son émis. C’est en quelque sorte, comme s’ils avaient un haut-parleur en permanence dans la ou les oreilles. En France, 2% de la population souffrirait au quotidien d’hyperacousie.
Causes et symptômes de l’hyperacousie :
L’hyperacousie survient souvent de façon brutale, en revanche les causes peuvent varier. L’hyperacousie peut apparaitre après une exposition aux bruits répétée dans le temps ou suite à un traumatisme sonore ponctuel, comme un choc acoustique. L’hyperacousie n’a pas d’âge : elle peut toucher des personnes jeunes ou très jeunes qui écoutent beaucoup de musique amplifiée au casque, comme des personnes plus âgées qui suite à un choc acoustique perçoivent tous les bruits du quotidien de façon amplifiée et insupportable.
Les symptômes fréquents sont une fatigabilité inhabituelle, parfois des maux de tête persistants, des sensations d’oreille(s) bouchée(s). Des sensations de brûlures, de lancements peuvent même parfois être décrites parmi les gênes occasionnées. On parlera alors de douleurs neuropathiques pouvant également s’étendre à la zone des mâchoires. Cette pathologie est parfois accompagnée par la perception d’acouphènes. Évidemment, ces deux pathologies de l’audition altèrent fréquemment la qualité du sommeil.
Impact de l’hyperacousie sur la vie quotidienne :
La vie sociale des individus souffrant d’hyperacousie est directement affectée par cette intolérance aux sons. Les personnes s’excluent d’office de tous les endroits où elles seraient susceptibles d’être gênées par les bruits environnants. Faire ses courses, aller au restaurant, au cinéma, les salles de sport ou même rencontrer des amis devient un supplice pour leurs oreilles. Le travail peut devenir anxiogène pour certains(es) face à des bruits perçus comme anodins pour la plupart des personnes : comme les touches d’un clavier, une soufflerie, le timbre d’une voix, une sonnerie de téléphone etc…
L’isolement systématique peut altérer la santé mentale, au même titre que le stress et l’anxiété quotidiens peuvent engendrer des dépressions.
Face à autant d’agressions perçues par leur(s) oreille(s) les personnes souffrant d’hyperacousie ont tendance à se surprotéger en portant des bouchons d’oreilles ou casques en toutes circonstances. Malheureusement ce réflexe risque d’amplifier le phénomène, car le cerveau finit par assimiler l’absence de bruit à une perte auditive et aura tendance à compenser en augmentant la perception auditive.
L’hyperacousie peut amener à la phono phobie : la peur des sons.
Quels traitements pour l’hyperacousie ?
Dès les premiers symptômes, il est fortement recommandé de consulter un médecin ORL afin d’avoir une investigation et prise en charge adaptée.
La prise en charge sera le plus souvent pluridisciplinaire :
L’audioprothésiste proposera une thérapie sonore à base de bruiteurs : intégration de sons blancs ou roses dans un appareillage auditif adapté à la perte ou non d’audition.
Une prise en charge psychologique sera à envisager selon l’état psychique et émotionnel de la personne par un psychiatre ou psychologue.
Un accompagnement alternatif, tel que la sophrologie permettra à la personne de mieux gérer ses émotions et les douleurs neuropathiques, de recouvrer un sommeil de qualité, et lui permettra de réapprendre à se projeter de façon plus sereine dans la reprise de ses activités sociales ou professionnelles.
Un accompagnement par l’EMDR permettra de désactiver émotionnellement les peurs liées à cette exacerbation des sons et à son origine, ainsi que les conséquences de la pathologie dans la vie quotidienne de la personne.