Qu’est ce qu’un stress post-traumatique?
Techniquement parlant, un souvenir devient un stress post-traumatique quand il n’a pas été traité par le cortex de notre cerveau mais dans sa zone limbique, cette partie du cerveau liée aux émotions.
Plus précisément, le psychiatre américain Bessel van der Kolk définit le traumatisme comme un « évènement situé hors du contexte humain ordinaire » : un viol, une guerre, un attentat, des violences conjugales physiques mais également orales, comme le harcèlement.
De prime abord ce terme a été utilisé après la guerre du Vietnam, puis rapidement les études et la recherche ont réalisé que le traumatisme était partout autour de nous.
Les violences familiales en sont la forme la plus commune :
- exemple des coups portés par un des partenaire au sein du couple
- ou la violence des parents envers un enfant ou même parfois entre eux en sa présence
L’être humain ne peut pas sortir indemne d’une telle situation : être battu(e) par la personne que l’on aime et faire comme si de rien était. Il est tout aussi terrifiant pour un enfant de voir les parents qu’il aime s’agresser.
L’enfant a besoin de savoir que ses parents peuvent le protéger et qu’ils sont eux même hors de danger pour pouvoir se construire et ressentir la base de sa sécurité primaire. L’absence de cette base sécuritaire aura diverses conséquences neurobiologiques et psychologiques préjudiciables à son évolution.
Plus concrètement encore, un souvenir est traumatisant lorsqu’il est lié à une cognition négative de nous-même :
- l’évènement non « digéré » amène la personne à avoir une croyance négative d’elle-même.
- Cette croyance enfouie dans l’inconscient se réveille à chaque stimulation dans le présent
L’avant et l’après traumatisme : une vie scindée en deux
Le traumatisme va scinder la vie de la victime en deux, comme s’il y avait un «avant» et un «après». Plus rien ne sera pareil pour ces personnes, qui ne seront plus tout à fait comme les autres.
” Le stress généré par un traumatisme s’imprime non seulement dans le cerveau, mais aussi dans le corps des victimes”, selon Bessel van der Kolk.
Spécialiste éminent du traumatisme, ce psychiatre a travaillé avec les vétérans de la guerre du Vietnam, mais également avec des familles : enfants ou des femmes victimes de violences conjugales. Ses études lui ont permis d’ observer les comportements et les cerveaux de ses patients au sein du Trauma Center à Boston (États-Unis) durant près de 40 ans.
Son livre : « Le corps n’oublie rien » édité chez Albin Michel retrace son parcours de thérapeute et dresse la liste des tentatives de solutions pour guérir le corps dans sa globalité : cerveau, esprit et corps
Les traces du traumatisme visibles à l’IRM :
Bessel van der Kolk explique que l’imagerie médicale permet de montrer un fonctionnement différent de l’amygdale, une zone précise de notre cerveau qu’il surnomme le «détecteur de fumée» du cerveau.
Expliquant ainsi que chez les traumatisés, ce dernier est en activité continue. Ils développent une propension à être en permanence en alerte des dangers potentiels. Cette suractivité de l’amygdale les empêche surtout de profiter pleinement de la vie.
Le traumatisme affecte également le système de filtre du cerveau :
la personne devient extrêmement réactive et dépassée par des choses sans importance.
L’entourage a beau leur dire «ce n’est rien, ne prête pas attention», ces phrases n’ont aucun effet sur la personne traumatisée, qui ne peut plus contrôler ses réactions.
Sous l’effet du traumatisme, le cortex préfrontal médian est lui aussi atteint :
Il s’agit du siège de la conscience de soi.
Pour faire barrage aux sensations terrifiantes, cette partie du cerveau qui permet de savoir ce qu’il se passe dans le corps se met en veille.
La personne ne sait plus ce qu’elle ressent et il devient très difficile d’être conscient de ce qui est bon ou mauvais pour elle ou de prendre une décision en toute lucidité.
La victime entre dans la phase de dissociation.
Les symptômes de l’état de stress post- traumatique :
Lorsque l’on évoque un stress post-traumatique, cet état se traduit par différents symptômes
Des reviviscences tels des souvenirs envahissants : des cauchemars, des flash-back
De l’évitement : des personnes, lieux et activités liés au drame
Des altérations cognitives : la personne se trouve dans l’incapacité à se rappeler un aspect important de l’événement. Des altérations émotionnelles : entrainant des émotions négatives persistantes, une tendance à se blâmer, sentiment de détachement d’autrui.
La victime subit ainsi en quelque sorte une double peine : elle développe des cognitions négatives d’elle-même :
l’évènement non « digéré » amène la personne à avoir une croyance négative d’elle-même. Cette croyance enfouie dans l’inconscient se réveille à chaque stimulation dans le présent
Une hyper activation du système nerveux : irritabilité, comportement autodestructeur, hyper vigilance, des difficultés de concentration, troubles du sommeil.
Source : site de l’institut universitaire en santé mentale de Montréal
L’EMDR: une des thérapies du stress post-traumatique
Cette thérapie fut mise au point il y a une trentaine d’années par une psychologue américaine : Francine Shapiro.
Cette méthode, basée sur des mouvements des yeux apaise, et soigne les patients souffrant de troubles de stress post-traumatique.
Depuis l’efficacité de l’EMDR* traduit en français par : “Désensibilisation et retraitement des informations à l’aide de mouvements oculaires” a régulièrement été prouvée par des études scientifiques.
Pour faire simple, l’EMDR permet de traiter les souvenirs qui ont été traumatisants pour la personne.
En quelque sorte, cette thérapie permet de « ranger » l’information dans la bonne zone du cerveau.
Voir également l’article : Des mouvements oculaires pour guérir d’un traumatisme: l’EMDR