La sophrologie en prévention ou en accompagnement post-burnout :
Que ce soit après les premiers signes d’alerte ou lorsque l’on a franchi la ligne d’épuisement, vous trouverez dans cet article tout ce que la sophrologie peut réellement vous apporter.
En quoi , elle devient un outil de prévention pour éviter cet épuisement mais également comment elle peut être curative et intégrée dans une prise en charge pluridisciplinaire.
De plus en plus de médecins et de psychiatres sont unanimes pour orienter leurs patients en burnout vers la sophrologie afin de réduire la prise d’antidépresseurs et en premier lieux permettre de recouvrer un sommeil récupérateur.
Le Burnout : une pathologie “du manque d’écoute de soi”
Il me semble important de rappeler tout d’abord que le stress qui amène à ce burnout est avant tout une réaction physiologique du corps à notre environnement par un déclenchement de l’hormone du stress appelée cortisol.Ce cortisol produit en trop forte quantité tout au long de la journée par nos glandes surrénales va inonder en permanence notre corps physique, déclenchant ce que l’on appelle le stress chronique. Nos surrénales vont donc s’épuiser petit à petit… Cependant ce cortisol, surnommé de façon négative, l’hormone du stress est plus que nécessaire à notre quotidien. C’est notamment grâce à lui que nous avons envie de nous lever le matin et de nous projeter dans notre journée. Sans production de cortisol, notre organisme n’a donc « plus de jus » pourrait-on dire plus familièrement.
C’est pour cette raison que je vous invite à la plus grande vigilance pour vous même ou vos proches, car la récupération sera totalement différente et surtout beaucoup plus longue en cas de franchissement de la ligne ultime.
Pour parler du Burnout, j’aime utiliser cette notion de « pathologie du manque d’écoute de soi », tant ces quelques mots expliquent à eux seuls ce que la personne vit en étant dissociée de son corps la majeure partie de son temps.
Ce phénomène de « dissociation » dont les psychiatres parlent n’est autre que le processus d’être coupé de son corps et de ne pas entendre les signaux que lui envoie celui-ci. La personne entretient donc une relation particulière avec son mental : elle est en permanence dans ses ruminations internes. Elle entretient la roue de son hamster, comme dirait Serge MARQUIS, auteur de « On pense trop, on est foutu »
Pour se faire entendre, le corps va donc se manifester par des tas de signes commençant en général par des troubles du sommeil : difficulté d’endormissement, insomnies, réveils nocturnes , pour d’autres des migraines à répétition, mais aussi des maux divers : estomac, ventre, ou toutes sortes de tensions allant de la nuque aux différentes parties du dos. Finalement, plus la personne est dissociée, plus son corps va se rappeler à elle de façon plus ou moins violente. Tous ces signaux étant des maux que le corps envoie pour s’exprimer avec ses propres mots et que la personne dissociée n’est plus en capacité d’entendre.
Le Burnout : un engrenage du perfectionnisme à la recherche de reconnaissance
Comme je l’exprimais dans mon précédent article ” Burnout et l’entreprise” le burnout a très souvent pour cible, des perfectionnistes en quête de reconnaissance avec ces signes distinctifs:
– Ne sait pas remettre à demain ce qui pourrait être terminé le jour même jusqu’à allonger ses journées de travail
– Vit à fond chaque mission, en prenant à cœur les choses et vit sa réussite comme une motivation profonde. Il ne peut pas rendre un travail qui ne le satisfait pas pleinement quitte à refaire ou ressent de la frustration par rapport au manque de temps.
– Ne sait pas dire non, donc c’est souvent à lui que revienne les missions supplémentaires
– A travers son perfectionnisme, la personne recherche avant tout la reconnaissance de ses pairs et supérieurs, quitte à faire acte de présence pour prouver son investissement
– Il se laisse prendre au jeu d’arriver tôt et de partir tard en prétextant que ces moments sont plus propices à la concentration
– Finalement il a besoin d’être occupé, et son travail prend le pas sur le sport, les loisirs, sa vie de famille, dont il se coupe doucement : ne sachant plus bien quels sont ses réels besoins, ni même ses propres valeurs.
La sophrologie pour apprendre à écouter son corps
La sophrologie que ce soit en préventif ou curatif va permettre à la personne de se réassocier en se reconnectant à son corps physique. En cela elle est bien plus qu’une simple relaxation comme certaines personnes le pensent parfois, en se disant ou se justifiant que ce n’est pas pour elles.
La respiration, c’est la Vie ! ce rappel peut paraitre simpliste mais combien de personnes ne savent pas respirer correctement.
Lors d’une première séance de sophrologie, nous apprenons tout d’abord à observer notre façon de respirer pour mieux utiliser celle-ci et nous poser. En redécouvrant notre respiration, nous découvrons parfois que nous étions presque en apnée des journées entières. Ce fut d’ailleurs mon cas, après mes premières formations : quel plaisir de respirer pleinement et de constater immédiatement ses effets positifs sur le corps et notre mental.
En nous réappropriant notre rythme respiratoire, nous faisons l’expérience de reprendre la main sur notre système nerveux autonome qui s’est si souvent emballé sans même nous en rendre compte.
Respirer c’est la vie, en revanche lorsque cette respiration devient consciente, nous redevenons acteur de nos ressentis, acteur de notre santé.
Le professeur Alfonso Caycedo, neuro-psychiatre créateur de la sophrologie avait l’habitude de recommander de commencer notre journée par des exercices de respiration afin de bien oxygéner notre cerveau, ce afin que notre cerveau prenne soin de notre santé : une question de bon sens trop souvent oublié lorsque l’on s’oublie soi-même.
Ces exercices de respiration effectués en début de séance permettent de se poser , parfois d’instaurer un SAS de décompression entre le moment de paroles et la pratique. La respiration restera consciente tout au long de la séance et accompagnera tantôt des moments de pause, ou tantôt des exercices de relaxation dynamique.
Ce terme peut paraitre antinomique, ce n’est ni de la gymnastique ni de la relaxation. Cette relaxation dynamique n’est autre que des exercices mis au point par le professeur Caycedo qui visent à mieux percevoir notre corps, s’y réassocier et permettre un relâchement des tensions physiques. Ces exercices sont inspirés de diverses techniques orientales dont le yoga, afin de s’adapter aux occidentaux. Cette relaxation dynamique a l’intérêt de pouvoir être utilisée dans la vie de tous les jours, dans les vêtements et chaussures du quotidien.
C’est aussi en cela que la sophrologie est de plus en plus souvent adoptée dans le monde l’entreprise en mode préventif. L’objectif de ces exercices dynamiques est de relâcher progressivement les tensions physiques et d’activer les différentes parties du corps pour mieux percevoir celui-ci, puis de se poser dans l’accueil des sensations corporelles sans jugement, ni analyse. On laisse enfin son mental de côté, pour être juste présent à ce que l’on fait et ressent, juste en pleine conscience.
La sophrologie : pour retrouver le plaisir de se projeter dans l’avenir
Une fois que nous sommes « réconciliés » avec notre corps, en sachant l’écouter, en respectant ses besoins, en appréciant de vivre le temps présent, nous allons apprendre à mieux utiliser notre mental, en se réconciliant avec celui-ci.
Grâce aux neurosciences, nous savons aujourd’hui que cette faculté de se reconnecter au moment présent active notre cerveau droit. Une fois que nous en avons effectivement pris conscience, nous allons progressivement apprendre par des visualisations à anticiper nos objectifs de façon positive en réapprenant à se servir correctement du cerveau gauche.
L’objectif de ces exercices est d’amener progressivement la personne à percevoir “le verre à moitié plein au lieu de le voir à moitié vide” : ce qui en soi change radicalement notre façon d’appréhender un objectif ou notre vie d’une façon plus large.
Toujours grâce aux neurosciences, nous savons que notre cerveau n’est pas en capacité de faire la distinction entre ce qui est réellement vécu, et ce qui est visualisé par notre imaginaire. Par conséquent lorsque la personne est confrontée à la réalité, son cerveau se remémore cette situation positive déjà rencontrée et à chaque entrainement, la personne gagne progressivement confiance en elle.
Exemple : l’élève de terminale qui apprend à se reconnecter à son cerveau droit pour bien vivre le moment présent, puis apprend à se visualiser le jour du bac en situation de calme et surtout en pleine possession de ses moyens intellectuels devant sa copie ou à l’oral s’exprimant de façon fluide face à l’examinateur.
Cette technique est souvent appelée en neuroscience préparation mentale.
En phase de burnout, il est sera donc particulièrement important de réapprendre à se projeter dans des objectifs, tout d’abord à très court terme. Parfois simplement en réapprenant à se projeter dans une chose simple, écouter ses envies et se voir les réaliser tout en y prenant du plaisir.
En phase de consolidation d’un burnout, il sera important d’apprendre à se projeter dans une reprise en douceur des activités professionnelles.
En phase post-burnout, lors de la reprise de son activité, l’entrainement sophrologique permettra de continuer à mettre le stress à distance en se projetant à nouveau dans de nouveaux projets.
La sophrologie pour regagner l’estime de soi
Lors d’un entrainement à la sophrologie, nous abordons également le passé de la personne. C’est cette approche tri-dimentionnelle du temps qui va venir booster le travail fait en amont sur le présent, et le futur en allant travailler sur les périodes positives de notre existence. La personne va pouvoir se remémorer des réussites, mais surtout les revivre pleinement, retrouver chaque sensation physique du moment et ainsi renforcer l’estime d’elle-même qu’elle avait perdue.
Ne vous est-il jamais arrivé de raconter une anecdote vécue plus jeune et de rire pleinement de vos souvenirs, voir en la commentant d’une phrase telle : « ah le culot que j’avais à cette époque ! » ou « j’étais fière de moi de réussir ce pari fou ! » eh bien c’est un peu cela que l’on réactive, en se remémorant nos cognitions positives à propos de nous-mêmes.
Ce qui va rebooster l’estime de nous-même.
La phase de reconstruction pourra donc commencer à s’opérer.
L’accompagnement du burnout est souvent pluridisciplinaire : un(e) psychiatre pour l’accompagnement médical, un(e) psychologue du travail pour comprendre « le pourquoi, du comment » et la sophrologie qui en tant que technique psychocorporelle va permettre de favoriser la reconstruction.
La sophrologie pour se réapproprier ses valeurs
Les exercices de remémorations du passé positif de la personne, permettent l’émergence de ses valeurs intrinsèques dont parfois elle avait perdu la conscience. Ce travail, fait en état modifié de conscience, permet à notre cerveau droit de faire émerger des souvenirs intuitifs, des souvenirs qui viennent nous en apprendre parfois plus qu’une longue analyse.
Ces séances viennent conforter la reconstruction. La personne se reconnecte à son Être profond, et découvre parfois qu’elle a suivi un chemin qui était un choix d’orientation de ses parents , et non un choix personnel.
Se reconnecter avec ses valeurs permet de retrouver un sens ou non à ce que l’on faisait avant le burnout. En revanche, parfois la personne se réoriente vers une nouvelle voie et ou une reconversion professionnelle.
La sophrologie pour se réconcilier avec le monde du travail
Quel que soit le choix de la personne et ses valeurs, la sophrologie va permettre au final à la personne de mieux écouter ses besoins corporels, de recouvrer un sommeil récupérateur, d’apprendre à connaitre ses limites. Elle apprendra à se reconnecter à ses ressources pour mieux se projeter dans une nouvelle vie ou un nouveau projet au sein de l’entreprise.
La personne se trouve bien souvent plus authentique dans sa nouvelle activité qu’elle aura choisi en conscience.